Discours de Lara Zender, au nom de l’Association pour les droits des femmes, à l’occasion du 1er mai

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Bonjour, merci à toutes et à tous d’être présent.e.s aujourd’hui pour le 1e Mai. Je m’appelle Lara Zender, je suis étudiante en Lettres à Lausanne et membre du POP. Je viens aujourd’hui faire ce discours au nom de l’Association pour les droits des femmes.

Il y a quinze jours, nous avons voté pour élire nos autorités cantonales. Comme vous le savez, le score a montré une très forte augmentation du nombre de femmes chez les député.e.s, amenant notre Grand Conseil à être composé de 58% de femmes. Il s’agit d’un résultat historique, tant pour le canton de Neuchâtel que pour toute la Suisse. Et il faut saluer cela ! Depuis 2019, nous avons pu voir une nette augmentation du nombre de femmes sur les listes électorales. Cela se voit également dans les résultats des scrutins. Au Grand conseil, les femmes sont passées de 30 à 58% entre 2017 et 2021. Cette évolution est une très bonne nouvelle. Elle permettra de mieux représenter la population dans sa diversité et permettra aux femmes de pouvoir mieux faire entendre leur voix. Ce résultat est très important et montre une évolution de notre politique. Mais cette évolution ne doit pas transparaitre uniquement lors des périodes électorales.

Une meilleure égalité des genres doit également se faire à l’interne des partis tout au long de l’année. Ce ne doit pas être qu’un simple argument électoraliste. Encore trop peu de partis, dont des partis de gauche défendant le féminisme, sont présidés par des femmes. Cette élection nous montre également que des mesures externes, comme une parité sur les listes, ne sont pas forcément nécessaires. Il est important et fondamental d’encourager les femmes à s’investir en politique et à se mettre sur des listes. Mais l’exemple actuel nous montre aussi que des quotas ne sont pas nécessaires. Nous voyons que la population souhaite même aller au-delà d’une parité (en renversant la majorité de genre).

Ce résultat ne permet cependant pas de placer notre canton comme pionnier dans l’égalité de genre. Mais, espérons qu’il inspirera d’autres cantons et élections. Il est important de voir que nous ne sommes pas face à un effet de mode en relation avec la Grève des femmes de 2019 que l’on pourrait qualifier de « post 2019 ». Nous sommes face à une réelle évolution de la société qui souhaite bousculer et bouleverser les codes et la hiérarchie des genres encore trop présente. Pour citer Virginie Despentes dans son ouvrage King Kong théorie « le féminisme est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing, pas une vague promotion de la fellation ou de l’échangisme, il n’est pas seulement question d’améliorer les salaires d’appoint. » Cette évolution des rapports de genre et de la place de la femme dans notre société est de plus en plus visible et présente (dans les discours). Nous attendons maintenant que cette évolution ait de véritables répercutions dans la politique de nos nouvelles et nouveaux élu.e.s. Et cela afin que cette évolution rattrape, en quelque sorte, la population sur la thématique de l’égalité.

Cette évolution ne s’est pas faite toute seule et découle du résultat de luttes de beaucoup de femmes. Et un retour en arrière n’est, malheureusement pas impossible. Comme on peut le voir dans les attaques régulières contre des droits conquis de haute lutte, par exemple le droit à l’avortement. Ou alors de manières d’autant plus actuelles avec La réforme de l’AVS, « AVS21 », qui veut imposer aux femmes de travailler une année de plus et flexibiliser l’âge de départ à la retraite. Pour reprendre le Manifeste de la grève féministe du 14 juin, je cite « Nous refusons la hausse de l’âge de la retraite des femmes, alors que nous subissons des discriminations pendant toute notre vie active. Nous voulons des assurances sociales qui tiennent compte de nos besoins et de notre réalité, notamment dans la prévoyance vieillesse. »

Ce projet AVS21 se fait à nouveau sur le dos des femmes. Et en dépit de ce que promet la droite, il suffirait juste d’abolir les inégalités salariales entre les hommes et les femmes pour stabiliser l’AVS, seul pilier égalitaire et équitable. De plus, ce projet n’est pas nécessaire : rien qu’en 2020, et malgré les discours alarmistes, la fortune de l’AVS a augmenté de 1.9 milliards de francs ! Les 64 ans sont le verrou pour ensuite imposer l’augmentation de l’âge de la retraite pour toutes et tous à 67 ans. Uni-e-s, combattons cette réforme aux côtés de l’Association pour les droits des femmes, de la grève féministe et des syndicats. Luttons pour de meilleurs salaires et surtout la fin des discriminations salariales envers les femmes.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour la journée internationale des travailleuses et des travailleurs. Il ne faut pas séparer la notion de lutte de classes de la lutte pour une égalité des genres. Ces combats sont entremêlés et interdépendants. Et surtout, ils découlent tous les deux de notre société actuelle, une société capitaliste et patriarcale. Le résultat électoral 2021 et cette victoire pour la représentation des femmes est entachée par le fait que la majorité politique du Grand conseil passe à droite. Il est indéniable que les femmes doivent être plus présentes en politique. Mais il ne faut pas oublier que le genre ne définit pas à lui seul qui ont est et quelles sont nos idées. Toutes les femmes ne sont pas féministes. C’est la raison pour laquelle l’Association pour les droits des femmes appelle à voter féministes lors du 2e tour pour le Conseil d’Etat le 9 mai prochain. L’Association pour les droits des femmes neuchâteloise ne soutient que les candidatures des personnes qui se battent clairement pour les droits des femmes et pour un changement politique en profondeur.

Je conclurai en rappelant l’importance et la nécessité d’une lutte pour une société plus égalitaire, tant sur la question du genre que sur la question sociale. Une égalité pour toutes et tous n’est à mon avis pas malheureusement possible dans la société patriarcale et capitaliste qui est la nôtre aujourd’hui.

Merci pour votre écoute, la lutte continue !