(Dés)équilibres cantonaux
Depuis 2013, les autorités cantonales se plaisent à défendre leur vision politique, à savoir : « Un Canton, un espace », slogan se voulant unificateur et dépassant les différences et tensions régionales. Mais dix ans plus tard, le constat n’est pas glorieux et force est d’admettre que la démarche est un échec. Les Montagnes sont encore une région délaissée dans un canton lui-même souvent relégué en périphérie de la Suisse. Et pourtant, le Haut accueille la majorité des emplois cantonaux et propose une vie culturelle et associative riche. Les Montagnes souffrent pourtant, et ce depuis des années, d’une réduction drastique des services publics à leur disposition. L’hôpital, attaqué par le Canton sous couvert de centralisation et de rentabilité, a été sauvé en 2017 par une mobilisation populaire, principalement issue des Montagnes, avant que la crise du COVID ne prouve sa nécessité. Cet exemple n’est que la pointe de l’iceberg. Notre commune, celles avoisinantes ainsi que le Vallon font face au même manque de reconnaissance et de soutien de la part de nos élites cantonales, qui se focalisent sur le Bas. Que l’on compare les différences de soutien entre le MIH et le Laténium pour s’en convaincre. Ou la faible subvention cantonale à la Plage des Six Pompes. Ou la question des subventions géo-topographiques. Ce manque de reconnaissance se constate également dans les problèmes de mobilité et d’accès aux différentes régions de notre canton. Il est ainsi édifiant que La Chaux-de-Fonds soit reliée par la plus vieille ligne de chemin de fer à avoir été rénovée en Suisse, et que cette rénovation ait purement et simplement conduit à sa suppression pendant huit mois.
Plus globalement, la centralisation des institutions publiques se base sur le présupposé selon lequel la fusion permet de réaliser des économies d’échelles. Cependant, la création de structures de plus en plus grandes cause régulièrement des problèmes de fonctionnement internes qui peuvent mener à des pertes d’efficacité et diminuer la qualité du service proposé. Les immenses organisations, qu’elles soient publiques ou privées, ne sont clairement pas des exemples de réactivité ou d’adaptabilité aux besoins, il suffit de penser aux assurances ou à la Confédération. De plus, ces fusions ont souvent pour conséquence l’exclusion des personnes vivant en périphérie. La centralisation et ses conséquences ont été thématisées lors du projet d’un hôpital unique, mais le Canton ne tire pas les enseignements voulus et défend maintenant une centralisation du CPNE, de nouveau en défaveur des Montagnes. Diminution de l’autonomie des centres de compétences, direction basée davantage sur un modèle managérial que sur un service public, uniformisation des noms des pôles de compétences, etc. Ces éléments sont les symptômes d’une politique qui ne prend pas en compte les richesses de ses régions, n’écoute pas ses citoyen.ne.s et ne fait qu’appliquer des réformes purement idéologiques afin de réduire les coûts sans se soucier de leurs conséquences humaines et sociales.
Pour nous, le développement du Canton passe par la réimplantation de services administratifs, d’écoles supérieures ou d’autres grandes infrastructures sur l’ensemble de son territoire, Vallées comprises. L’administration doit être au contact de la population et la connaître. « Un Canton, un espace » reste un slogan creux et nous refusons de défendre une unité qui invisibilise ses régions.
Le POP entend bien peser de tout son poids pour stopper les politiques centralisatrices et favoriser le respect de toutes les régions du Canton ainsi que leur représentation politique. Pour un Canton qui n’a de cesse de se plaindre de la faible écoute dont il bénéficie au niveau fédéral, il est particulièrement ironique qu’il applique les mêmes logiques excluantes sur son propre territoire.
Concrètement nous voulons
- Une antenne de chaque service public cantonal réparties sur tout le territoire en fonction du nombre d’habitants
- Une décentralisation de l’administration cantonale, avec une juste répartition des centres décisionnels dans tout le canton
- Une analyse de l’intérêt des fusions de communes, prenant en compte également les coûts humains
- Une réelle représentation des régions au Grand Conseil
- Un renforcement des Hautes Écoles et des grandes infrastructures dans le Haut du canton
- Une juste répartition des charges géo-topographiques
- Une application du fédéralisme en redonnant du pouvoir aux communes, à la fois sur des aspects légaux et financiers
- Un soutien aux structures culturelles, associatives et sociales du canton sans favoritisme selon la région