Développement sur la résolution « pour que les heures des grévistes féministes du 14 juin soient offertes » acceptée au Conseil général du 10 avril 2019

Published by Julien Gressot on

L’année 2019 est, notamment, une année de lutte pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. De nombreuses activités sont prévues pour revendiquer que les choses changent réellement. Le principe de l’égalité hommes-femmes est entré dans la Constitution helvétique en 1981. Dix ans après, le 14 juin 1991, une grève rappelait avec force que le principe de l’égalité n’était toujours pas appliqué et qu’il fallait prendre des mesures.

Aujourd’hui, force est de constater qu’il reste bien du travail dans ce dossier. L’égalité salariale n’est toujours pas une réalité. Pour le même travail et avec les mêmes compétences, une femme demeure moins payée qu’un homme. Les écarts entre les branches économiques sont très importants. En moyenne, il est question d’une différence de près de 20% dont pas loin de la moitié de nature inexpliquée. Ces inégalités salariales ont des répercussions sur l’ensemble de la vie des femmes touchées par la problématique, mais aussi sur l’ensemble de la société. En effet, cela signifie moins de cotisations pour la retraite de la personne, mais aussi pour l’AVS en général, ce qui contribue à affaiblir cette assurance. Cela signifie aussi qu’il est plus difficile pour les hommes de réduire leur temps de travail.

Au niveau du harcèlement et des agressions à caractère sexuel, la situation ne s’améliore pas. Les cas d’harcèlement sur le lieu de travail sont toujours très nombreux et l’insécurité pour les femmes est manifestement plus grande que pour les hommes dans l’ensemble des sphères de la société. Ce n’est pas tolérable dans un pays qui se veut démocratique et équitable pour toutes et tous ces membres.

Les mentalités évoluent très lentement. La part du travail domestique entre les genres penche toujours très majoritairement du côté des femmes. Faire changer les structures mentales prend du temps, mais cela doit évoluer.

L’accès des femmes aux plus hautes fonctions est également plus difficile que pour les hommes.

Bien d’autres aspects sont également concernés par la question du genre. Il n’est pas ici question de tous les développer. Ces quelques exemples démontrent cependant de l’importance des inégalités et de la nécessité de soutenir ce mouvement de lutte pour l’égalité.

C’est avec cet objectif que le 14 juin 2019 aura lieu une grande grève nationale féministe. Les personnes, certainement davantage des femmes que des hommes, qui participeront aux grèves verront leur salaire péjorer et donc, paradoxalement, les inégalités économiques s’en trouveront renforcer ou alors elles devront prendre sur leurs jours de congé. Cet état de fait risque de diminuer la participation à ce mouvement qui souhaite œuvrer pour une société plus juste.

Pour éviter cela, il nous apparaît important que la Ville montre l’exemple et offre les heures de grève à toutes et à tous les grévistes inscrits, femmes ou hommes.

Ces heures de travail ne coûteront rien ou pas grand-chose à la Ville et contribueront à une amélioration globale de notre société. Il y a en effet plusieurs manières de se mettre en grève selon les organisatrices du mouvement : sur son lieu de travail, chez soi ou dans la rue et à des heures différentes. Il y a donc la possibilité de discuter et d’agencer cela de manière à concilier les différents besoins. Il est évident que cela ne doit pas exonérer les grévistes de s’annoncer à l’avance pour que la Ville puisse prendre ses dispositions pour assurer les services qui doivent l’être.

C’est un geste qui doit être vu comme un soutien à ce mouvement et un encouragement aux entreprises et aux autres collectivités publiques d’agir de la même manière dans une période où certaines et certains souhaiteraient rendre cette grève illégale. Cela fait 38 ans que la Constitution impose que les femmes aient un salaire équivalent pour un même travail que les hommes. C’est agir contrairement à cela qui est illégal. Nous nous devons, dans une Ville qui a toujours été à la pointe des avancées sociétales, de faciliter quelque peu cette lutte et nous y associer.

Julien Gressot, pour le POP.