Précarité

La précarité augmente en Suisse. De plus en plus de personnes rencontrent des difficultés à boucler leurs fins de mois, et ce phénomène concerne des couches de plus en plus variées de la population. Nos ainé.e.s sont de plus en plus nombreux.ses à expérimenter une vieillesse dans la misère, et 44% des personnes pauvres en Suisse sont des travailleur.euse.s. Les durcissements de l’assurance-chômage ont permis de redresser les statistiques et de prétendre à une amélioration du marché de l’emploi, en renvoyant davantage de personnes à l’Aide sociale, laquelle est ensuite attaquée par la droite à cause de ses coûts. L’inflation et l’augmentation des primes d’assurance-maladie poussent chaque année des personnes vers davantage de sacrifices et de dénuement. Et notre Conseil Fédéral nous affirme en parallèle que « la Suisse va assez bien » sous prétexte qu’ailleurs, c’est pire.

La crise du COVID a mis en évidence le nombre important de personnes qui devaient recourir à de l’aide simplement pour pouvoir se nourrir. Dans toute la Suisse, la fréquentation des épiceries Caritas a augmenté de 40% entre 2022 et 2023. Les personnes qui parvenaient à vivre juste au-dessus du seuil de pauvreté y basculent, et y entraînent souvent leurs enfants. Selon Caritas toujours, 20% des personnes qui vivent actuellement en Suisse ne peuvent pas faire face à une dépense imprévue de CHF 2’500.-. Caritas, Partage, Ekir, le CSP… autant de structures qu’il convient de saluer puisqu’elles viennent en aide aux plus démuni.e.s, mais qui sont également le symptôme d’un système créant de plus en plus de pauvres.

Or la Suisse est riche. L’un des pays les plus riches du monde. Ses inégalités ne sont pas fortuites, elles ne découlent pas d’une volonté divine ou de la malchance. Elles résultent d’un système capitaliste qui exploite chaque jour davantage le plus grand nombre pour la richesse de quelques-uns. Car parallèlement à l’augmentation du nombre de pauvres, la richesse des plus riches a également augmenté, au point où les inégalités mondiales en sont revenues au niveau de l’époque coloniale. L’argent qui pourrait permettre aux plus précaires de sortir la tête de l’eau est entre les mains de celles et ceux qui ne savent quoi en faire et le dépensent en envoyant leur voiture sur orbite.

La Ville peut jouer un rôle contre cet état de fait. D’une part, elle doit continuer à se battre pour taxer les plus aisé.e.s et jouer à plein son rôle de collectivité redistributrice de richesses. Elle doit ensuite tenter de mettre en place des programmes de retour à des emplois adapté,s aux salaires décents pour les personnes exclues. Elle peut également créer des structures de soutien pour éviter que les plus démuni.e.s ne dégringolent. Des crèches gratuites, des emplois protégés ou de l’aide à l’embauche dans les entreprises peuvent être négociées – voire imposées – afin de lutter contre l’exclusion. La gérance communale, par exemple, pourrait permettre de jouer un rôle d’inclusion.

Enfin, le Service de la Cohésion et de l’Action Sociale de la ville, traversé par des turbulences, doit pouvoir se consacrer à sa réelle mission. Les travailleur.euse.s sociaux.les doivent aider les vulnérables et disposer des moyens nécessaires pour ce faire, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le SCAS doit pouvoir se concentrer sur sa fonction première et lutter contre l’exclusion de ses bénéficiaires. Cela seul peut donner du sens à un métier de plus en plus important. Cela doit permettre de garantir le contact humain dont les plus précaires ont, en plus de moyens financiers, désespérément besoin.

Concrètement nous voulons

  • Un service d’aide sociale doté de suffisamment de personnes pour accompagner chacun.e dans ses démarches de manière humaine, et aux procédures administratives réduites au minimum
  • Une information et un accompagnement sur les prestations sociales auxquelles chacun.e a droit, dans un langage compréhensible pour les non-initié.e.s et les personnes issues de la migration
  • Des programmes d’insertion professionnelle, notamment dans les fonctions communales, pour réinsérer les chômeur.euse.s en fin de droit ou les personnes à l’aide sociale
  • Des formations continues de qualité et gratuites pour les habitant.e.s de la Ville, afin de leur permettre de se former à un nouvel emploi
  • Une attention particulière aux personnes cumulant plusieurs facteurs d’isolement et de précarité (contexte familial, drogue, âge, etc.)