Rapport sur la politique d’intégration de la ville de La Chaux-de-Fonds, réponses de Théo Bregnard, Conseiller communal – Conseil général du 30.01.2024
En premier lieu, je tiens à vous remercier pour l’accueil positif que vous avez toutes et tous réservé à ce rapport. La tolérance et l’ouverture à l’autre, en particulier à l’étranger ou l’étrangère, représentent une force et une qualité essentielle de notre ville, comme en témoigne diverses manifestations et comme on a encore pu le vérifier ce week-end lors de la fête des jeunes tamils et la diversité du public réunie dans notre bien nommée Maison du peuple. L’abbé Christophe Godel présent à cette occasion le confirmait en montrant que cette qualité n’était pas réservée aux communautés étrangères, mais qu’elle s’étendait bien à l’ensemble des communautés : religieuses, culturelles, sociales ou associatives. Une tradition, mais plus encore une réalité à perpétuer, comme nous le faisons aujourd’hui avec les Ukrainien∙ne∙s et les nombreux réfugié∙e∙s nouvellement arrivé∙e∙s. Une force que nous devons entretenir, indépendamment de nos vision ou de nos appartenances politiques, comme en témoigne vos interventions.
Ce rapport avait été promis pour la fin de la législature lors de la constitution du poste. Avec le riche panorama présenté, nous espérons ainsi lever définitivement les quelques doutes qui se faisaient alors entendre. Un panorama que je ne vais pas reprendre, estimant le rapport assez complet, voire bien assez. Enfin, en relisant vos interventions de mai 2021, les craintes exprimées en terme d’épuisement et d’efficacité ou alors que ce poste ne soit qu’une « goutte d’eau dans la mer » comme le résumait le plr peuvent largement être levées.
Il a fallu prioriser nos actions et focaliser nos efforts sur quelques domaines phares, mais la goutte d’eau s’est transformée en ruisseau, puis en rivière, pour fédérer les acteurs de l’intégration et réaliser ensemble ce que l’on fait si bien dans notre ville, des merveilles avec peu de choses, grâce aux collaborations, aux échanges qui font que les forces se démultiplient. Ici, pour favoriser l’intégration de chacun∙e, renforcer le sentiment d’appartenance et tout mettre en œuvre pour que chacun et chacune puisse contribuer à notre société.
Le poste joue ainsi pleinement son rôle de coordinateur, de mise en réseau et d’expertise dans le domaine de l’intégration et de la cohésion sociale – qui représente, in fine, l’objectif visé. En deux ans, de nombreux projets ont vu le jour, dont l’accueil des nouveaux arrivants au LOCAL nous apparaît particulièrement emblématique, en leur offrant un accueil personnalisé, afin de les orienter dans les méandres de notre ville et de répondre aux questions précises qu’ils se posent. S’agissant d’un projet pilote, il s’adresse en premier lieu aux réfugiés et aux Ukrainiens, mais notre volonté est bien de répondre à l’ensemble des personnes qui en feraient la demande. Les autres projets, tels que la carte citoyenne, l’antenne du Foyer de l’écolier créée en collaboration avec la fédération africaine sont autant de projets rassembleurs et on l’espère durable, à même de favoriser la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Enfin, de nombreux projets qui se prolongeront sur les années à venir, notamment grâce aux fonds extérieurs qui complètent nos actions. En résumé, pour l’année dernière et l’actuelle : CHF 215’000.- du Canton et de la Confédération pour développer le LOCAL et la carte citoyenne. Et CHF 210’000.- du COSM, de 2023 à 2027, pour des projets en lien avec le vivre-ensemble, la participation et la prévention des discriminations.
En conclusion, il s’agit aujourd’hui de tout faire pour que la diversité de notre population, plus cosmopolite que jamais, avec plus de 117 nationalités et plus de 30 % de population étrangère, coexiste de façon harmonieuse. Pour atteindre cet objectif, que la diversité soit une véritable richesse, source d’échanges et de dialogue et non un champ de tensions et de conflits, comme la citation de Kofi Annan le rappelle en préambule de notre rapport, nous nous réjouissons de poursuivre dans la voie des cinq axes de notre politique d’intégration et d’un vivre-ensemble respectueux de chacun∙e. Ceci avec vous et la nouvelle commission des naturalisation, des agrégations et… de l’intégration.
À présent, j’en viens aux questions proprement dite :
Carte citoyenne (POP)
Nous souhaitons que cette carte se greffe sur l’application Abeille, qui rassemble déjà de nombreux adeptes. Dans cette phase pilote, l’application donnera des informations sur la personne, intégrera d’autres cartes comme celle de la Bibliothèque ou de la Ludothèque et permettra d’offrir des bons ou réductions pour tel ou tel événement sportif, culturel ou social. Des collaborations se développent aussi avec d’autres acteurs pour renforcer l’accessibilité et le vivre-ensemble que nous visons.
Un projet simplifié par rapport à certaines cartes citoyennes développées dans d’autres villes comme à Zürich, mais l’objectif de cette première phase est de créer l’adhésion autour de la carte, tant au sein de la population que des sans-papiers pour éviter toute stigmatisation (un problème dans de nombreuses expériences similaires). Nous étudierons quels développements peuvent ensuite être faits en lien avec les besoins des sans-papiers.
Ukraine (POP)
Les contacts avec les autorités et services cantonaux ont été nombreux pour faire comprendre la situation que l’on vivait sur le terrain, surtout du point de vue de l’intégration scolaire des enfants, avec plus de la moitié des élèves ukrainiens du canton, présents dans notre ville. Aujourd’hui, les problèmes d’apprentissage et d’intégration de ces élèves restent un véritable défi pour la direction et les enseignants, compte tenu de l’incertitude qui demeure très présente quant à leur avenir ici ou en Ukraine. Pour l’heure, on fait le maximum pour favoriser leur intégration à la collectivité, tant à l’école qu’en dehors, avec notamment la séance que nous avons organisée en novembre avec l’ensemble de la population ukrainienne de notre ville. Un.e ASE va également être prochainement engagé.e par le COSM en soutien aux cercles scolaires. Difficile d’imaginer que cette personne, qui devra œuvrer dans les trois villes du canton, puisse véritablement répondre à nos attentes en matière d’intégration, mais c’est un premier pas qui en appellera, on l’espère, d’autres. Un projet a été déposé au COSM pour financer un poste d’éducateur.trice aux Endroits, où des efforts doivent selon nous être faits.
Nature des discriminations et leur importance (p. 13 du rapport) (PS)
La discrimination au travail est une réalité, yc dans notre administration, comme toutes les enquêtes sur le sujet en témoignent. Pour rappel, dans le sillon du Canton, la Ville a mené en 2022 une enquête avec l’Université pour mesurer la diversité, mais aussi les discriminations. 25 % des participant.e.s ont indiqué avoir subi ou ressenti une discrimination au cours des 24 derniers mois précédant l’enquête. Il s’agit de discrimination ressentie ou vécue, c’est-à-dire son expérience selon la perspective et la définition de la personne touchée, ce qui ne correspond pas forcément à une définition légale.
Les principaux motifs sont par ordre d’importance : le genre, l’âge, l’origine, la langue, le choix vestimentaire, le poids, les caractéristiques physiques, la religion, le handicap et l’orientation sexuelle.
Rappelons que dans d’autres enquêtes, ces chiffres apparaissent encore plus élevés que chez nous, ce qui est plutôt positif pour notre administration, même si nous prenons ces résultats très au sérieux avec la volonté de les diminuer au travers du groupe diversité (autre question PS) qui s’est mis en place et qui devra proposer des pistes à même de prévenir ces discriminations.
Il s’agit de penser les changements structurels que nous vivons et d’avoir une administration plus égalitaire et ouverte à la diversité, en phase avec l’évolution de la société et de ses besoins. Le Groupe est piloté conjointement par le service de l’intégration et le SRH avec le concours d’autres services ou d’experts externes.
Le groupe fera l’inventaire de ce qui existe pour le valoriser et au besoin le renforcer. Il tentera d’identifier les lacunes ainsi que les actions complémentaires à mettre en œuvre dans un esprit que l’on veut positif, agile et dynamique.
Le mandat pour la réalisation de la carte citoyenne sera-t-il confié à une entreprise Chaux-de-Fonnière, puisque nous avons des compétences locales ? (Verts lib)
Oui, c’est évidemment un de nos soucis. Et c’est l’entreprise VNV qui a reçu le mandat, dans la continuité de son travail pour élaborer la carte Abeille.
La crise migratoire européenne citée en conclusion dans le rapport, inclue-t-elle les migrant-e-s qui arrivent par bateau d’Afrique, d’Iran, d’Irak ou de Syrie par l’Italie ou la Grèce ? (Verts lib)
Comme vous le savez, la Suisse est directement impactée par les différentes routes migratoires. Et vous avez vu que la Suisse a mis en place un système de surveillance accrue aux frontières tout comme d’autres pays, ce qui limite les arrivées. La Suisse n’est cependant pas nécessairement le pays où les requérant.e.s d’asile souhaitent s’installer, souvent ils poursuivent leur route vers le Nord de l’Europe.
Toutefois, pour répondre à votre deuxième question sur l’origine et le nombre de migrant-e-s arrivant à La Chaux-de-Fonds (Verts Lib), les chiffres devraient sortir bientôt, mais ce qu’on peut dire aujourd’hui, c’est qu’au niveau national, les chiffres sont ceux de la crise migratoire de 2013-2014, signe que la situation internationale est tendue et que la Suisse est connectée à ces réalités géo-politiques. Une attention à la bonne intégration de ces personnes, notamment à l’école est essentiel pour éviter des conflits et ne pas impacter le vivre-ensemble. Concernant le conflit en Ukraine, l’impact est direct, avec aujourd’hui 539 (au 03.01.2024) et 117 élèves dans notre ville.
Pour les Verts, il n’y avait pas de question, plutôt un engagement à poursuivre notre élan, merci. Vous évoquez la nécessité d’un soutien administratif. Oui, mais en même temps, au budget, le Conseil général a décidé d’une diminution de 4 EPT, donc on réfléchit de manière transversale à la meilleure façon de répondre aux besoins de notre collectivité. Pour l’heure, on arrive globalement à se partager les tâches, entre la déléguée à l’intégration et le secrétariat du DICI, mais il s’agira de trouver d’autres solutions à l’avenir.