Grève du 14 juin – Portrait de militant.e.s: Maria Belo

Published by Julien Gressot on

La grève des femmes qui aura lieu le 14 juin 2019 sera une journée très importante parce que, malgré la loi sur l’égalité datant de 1995, les inégalités entre hommes et femmes perdurent, et notamment en ce qui concerne les salaires. À l’approche de cette date, nous avons décidé de laisser la parole à certaines de nos militantes et certains de nos militants pour qu’ils nous donnent leur vision du féminisme et des combats qu’il reste à mener sur ce sujet.

  • Qui êtes-vous ? De quelle manière militez-vous ?

Je m’appelle Maria Belo, j’ai 63 ans mariée deux enfants, trois petits-enfants, originaire du Portugal-Coimbra, horlogère, fille de menuisier et d’ouvrière. Élue au conseil général depuis 9 ans sur la liste du POP comme migrante, depuis j’ai acquis la nationalité Suisse pour pouvoir voter au niveau fédéral.

  • Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous engager en politique ?

C’est venu normalement et avec le temps. Très tôt à l’âge de 9 ans j’ai dû aller faire la bonne chez ma professeure de l’école primaire, pour pouvoir faire un examen qui me donnait l’opportunité d’aller au lycée et cela parce que mes parents ne pouvaient pas payer cet examen. Après avoir réussi l’examen mes parents ne pouvaient pas payer les livres j’ai dû choisir l’école de commerce parce que là, les livres étaient prêtes. À 14 ans j’étais obligée de travailler et continuer mes études le soir. À 16 ans je suis venu en Suisse avec ma Maman, mon frère et ma petite sœur rejoindre mon Papa saisonnier. J’étais contente car je voyais la Suisse plus ouverte qu’au Portugal. J’ai constaté que je ne pouvais pas aller à l’école, ma Maman mon frère et sœur ne pouvaient pas rester en Suisse car le statut de saisonnier ne leur permettait pas, je suis donc resté toute seule avec mon Père. Plus tard dans le travail comme ouvrière j’ai constaté beaucoup d’inégalités au niveau des traitements des personnes, surtout des étrangers qui ne parlaient pas la langue et qui ne pouvaient pas se défendre. Mais tous ces aléas de la vie m’ont rendu plus forte et combative. J’ai toujours été au côté des discriminées et vulnérables. Étant déjà militante pour un parti au Portugal et élue au niveau des Portugais de Suisse, rentrer en politique au niveau communal c’était l’étape suivante vu que dans le canton de Neuchâtel on avait eu le droit de vote depuis 2005 et l’éligibilité depuis 2007.

  • Avez-vous l’impression que la thématique féministe est suffisamment considérée dans les instances politiques que vous fréquentez ou avez fréquenté ?

Dans les instances politiques c’est beaucoup nuancé la thématique féministe, nous on est obligé de travailler plus pour y parvenir, mais dans ma commune je ne me sens pas rejetée au vu différemment parce que je suis une femme ou quelqu’un issue de l’émigration. Au contraire j’ai reçu beaucoup de sympathie lors de mon élection à la présidence du Conseil Général.

  • Et dans votre parti/syndicat/association/etc. ?

Je ne me sens pas différente de mes Camarades Hommes, d’ailleurs je ne pourrais pas militer dans ce parti si cela était le cas.

  • Avez-vous des exemples concrets de mesures qui ont été prises à l’avantage des femmes, en politique, depuis que vous vous engagez ?

Non, pas d’exemple, mais je n’aimerais pas qu’on donne plus l’avantage à une Femme par rapport à un Homme, j’aimerais que ce soit sa capacitée et sa valeur humaine qui prévaut.

  • Que ferez-vous le 14 juin 2019 ?

Je serai avec toutes et tous ceux qui feront de la Journée du 14 Juin, une Journée inoubliable de Fête pour l’égalité entre femmes et hommes.

  • Qu’attendez-vous exactement du 14 juin 2019 ?

J’attends que la classe patronale arrête de sous payer les femmes pour le même travail, que les hommes et femmes soient plus solidaires entre eux. Que les politiciens ne se cachent pas et le revendiquent. Que certains hommes ne les battent plus ou leur fassent subir des harcèlements. Que les jeunes filles puissent sortir le soir sans être vues comme un object de désir.

  • Selon vous, qu’est-ce qui devrait changer pour les hommes et pour les femmes afin de permettre une réelle égalité dans la vie privée, professionnelle et politique ?

Les femmes et hommes doivent tirer à la même corde. Les femmes avoir plus confiance dans leur capacité. Les hommes aider plus leur compagne dans le foyer pour qu’elles puissent montrer leurs capacités et monter les échelons dans leur travail et ou s’engager en politique.

  • S’il fallait instaurer une seule mesure urgente en faveur de l’égalité des droits à La Chaux-de-Fonds, quelle serait-elle ?

J’aimerais que les hommes portent des jupes et les femmes ne se rasent plus !

Plus sérieusement, j’aimerais que soit instaurée l’égalité de droits obligatoire dans tous les secteurs de la vie et la fin du harcèlement sexuel.