Politique urbaine en mouvement
Article du jeudi 26 novembre 2021 de Matthieu Reverchon pour Gauchebdo.
Quand on arrive en ville…
… On peine parfois à changer de trottoir, entre les files de voitures garées, le trafic sur tous les axes et l’absence de zone piétonne.
Dans quelques jours, les Neuchâtelois et Neuchâteloises s’exprimeront, en marge des votations fédérales, sur la réalisation du contournement routier de la ville de La Chaux-de-Fonds, le projet H18 que Nicolas Turtschi évoquait déjà dans ce journal il y a deux semaines.
Mais les changements dans la politique de mobilité de La Chaux-de-Fonds vont au-delà d’une simple route supplémentaire, et se développent autour des trois axes précités : contourner, stationner, piétonniser. A défaut d’être véritablement révolutionnaires, les projets en cours modifieront en profondeur le paysage d’une ville dont l’urbanisme est avant tout réputé pour son ancrage historique.
Ces questions de mobilité sont ainsi au carrefour entre les enjeux écologiques, sociaux et économiques.
Prochaine échéance : la H18
Ce projet de contournement n’est ni un caprice, ni un sursaut du « tout-bagnole » des années 70 comme le proclament ses détracteurs, mais la condition nécessaire à tous les autres changements dans la manière de « vivre la ville ».
Ce projet est plébiscité par quasiment tous les partis, et l’ATE a par ailleurs obtenu un certain nombre de garanties, annonçant le 18 octobre qu’ «elle a signé une convention qui englobe une série de mesures d’accompagnement supplémentaires» et, dans le même communiqué, que «le projet H18 a pour but de créer une nouvelle dynamique à La Chaux-de-Fonds en encourageant la marche, le vélo et les transports publics». Citons en exemple l’encouragement à l’usage du vélo (de 0.7% à 5% d’ici 4 ans).
Une nouvelle politique de stationnement
Il y a une année, La Chaux-de-Fonds mettait fin au parcage gratuit en ville avec l’introduction d’un macaron obligatoire sur tout le territoire communal.
Malheureusement, et comme on pouvait s’y attendre, ce système a ses limites. Tout d’abord, il ne touche que le trafic externe (le macaron étant vendu 15.- pour les habitants de la ville), ce qui est un bon début, mais devra déboucher sur une réelle politique de stationnement pour le trafic interne également. Un système par zones serait par exemple une solution encourageant le transfert modal vers les transports publics ou des moyens non motorisés, solution à laquelle le POP est favorable.
Ensuite, les parkings d’échange sont relativement peu utilisés, certains étant encore mal desservis par les transports publics, la signalisation est pour le moins catastrophique, engendrant l’incompréhension des automobilistes externes à la ville n’ayant pas aperçu l’un des misérables panneaux annonçant les règles de stationnement aux entrées de la ville.
Enfin, les autorités ont aussi parfois manqué de mesures dans l’application de ces nouvelles règles, amenées à évoluer en fonction des usages. Les grands changements sont souvent plus complexes qu’espéré.
Piétonnisation de la place du marché
Dès 2024, la Place du Marché de la ville devrait devenir entièrement piétonne. Une piétonnisation amenée à s’étendre lorsque le trafic sera en partie dévié sur les routes de contournement.
Là encore, ce changement a fait l’objet de nombreuses négociations et discussions, auprès des commerçants mais également du TCS qui, bien qu’ayant récolté les 2800 signatures nécessaires pour un référendum, ne l’a pas déposé, après avoir obtenu différentes garanties évoquées sur RTN en début d’année et portant « notamment sur la construction [d’un étage supplémentaire au] parking des Forains ainsi que de la liaison piétonnière et des cadences de bus. Il s’agissait surtout de gérer la suppression des 80 places de parc de la place du Marché prévues dans le projet. » (RTN, 26.02.2021).
La mise en place de cette zone piétonne, si elle n’est pas sans anicroches puisque certains commerçants ont récemment déposé une pétition pour demander le maintien des places de parking, permet également d’expérimenter une démarche participative. Toute la population chaux-de-fonnière est en effet invitée à proposer ses idées d’aménagement, différents ateliers participatifs ont été organisés et une commission temporaire a été mise en place pour recueillir et traiter les avis de la population. Le bilan de cette opération pourra être tiré en juin 2022.
La ville se « repense » donc avant tout sur le terrain, avec tous les acteurs qui la font vivre et toute la population qui l’habite. Et le 28 novembre, espérons que la population neuchâteloise soutiendra La Chaux-de-Fonds, pour une ville qui respire, avec ENFIN son contournement. Parce qu’au fond, « nous tout c’qu’on veut c’est être heureux, être heureux avant d’être vieux. »