Grève du 14 juin – Portrait de militant.e.s: Julien Gressot

Published by Nicolas Turtschi on

Portrait de militant.e.s féministes sur la grève du 14 juin 2019 – Julien Gressot

La grève des femmes qui aura lieu le 14 juin 2019 sera une journée très importante parce que, malgré la loi sur l’égalité datant de 1995, les inégalités entre hommes et femmes perdurent, et notamment en ce qui concerne les salaires. À l’approche de cette date, nous avons décidé de laisser la parole à certaines de nos militantes et certains de nos militants pour qu’ils nous donnent leur vision du féminisme et des combats qu’il reste à mener sur ce sujet.

  • Qui êtes-vous ? De quelle manière militez-vous ?

Julien Gressot, 32 ans, père de deux enfants. Je suis actuellement doctorant en histoire à l’Université de Neuchâtel. L’histoire environnementale et l’histoire des sciences et des techniques me passionnent. Auparavant, j’ai été père au foyer durant cinq années, puis j’ai décidé de reprendre mes études en parallèle, ce que j’ai pu faire depuis mon domicile tout en continuant à m’occuper de mes enfants. D’un point de vue politique, je milite au POP depuis que j’ai 16 ans en ayant participé activement à la création du MJ-POP (Mouvement de la Jeunesse du POP). Je suis au Conseil général de La Chaux-de-Fonds depuis 2011. J’ai également été député entre 2016 et 2017. Je préside actuellement la section du POP de La Chaux-de-Fonds depuis 2017.

  • Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous engager en politique ?

Depuis très jeune, je ne supporte pas les injustices. C’est ma raison première de me battre pour une société plus juste qui donne les mêmes chances à toutes et à tous. L’exploitation de l’être humain et de la nature m’ont toujours marquées. Je souhaite un changement global dans notre rapport aux autres, dans notre manière de concevoir le monde donc un changement systémique et paradigmatique global.

  • Avez-vous l’impression que la thématique féministe est suffisamment considérée dans les instances politiques que vous fréquentez ou avez fréquenté ?

J’ai l’impression que des progrès ont été faits mais qu’il y a une tendance assez marquée à considérer que tout a déjà été réalisé et qu’il n’y aurait plus rien à faire, ce qui est totalement faux. Je ressens donc un certain abandon de la thématique, ce qui justifie d’autant plus le mouvement du 14 juin. Cela vient également du fait que la thématique féministe n’est que rarement posée en termes de rapport de force et d’exploitation. Les débats actuels en politique sur la question du féminisme gagneraient à aller davantage en profondeur à mon avis.

  • Et dans votre parti/syndicat/association/etc. ?

Au POP, nous avons toujours été très sensibles au sujet. Nous avons de nombreuses militantes et de nombreux militants impliqué.e.s dans diverses associations ou mouvement sur la question du féminisme. Nous veillons à donner la parole à toutes et à tous de manière équilibrée, à présenter des femmes et des hommes aux élections, mais nous allons aussi plus loin que les autres partis en cherchant à comprendre d’où proviennent les inégalités genrées en les replaçant dans un contexte d’exploitations globales des dominé.e.s.

  •  Avez-vous des exemples concrets de mesures qui ont été prises à l’avantage des femmes, en politique, depuis que vous vous engagez ?

Il y a un certain développement des structures de la petite enfance et des politiques allant dans ce sens mais il y a encore beaucoup à faire. Pour ne donner qu’un exemple de mesure à prendre politiquement, si nous prenons la question de l’âge de la retraite, il ne faut jamais oublier que si les femmes étaient payées de la même manière que les hommes, les caisses seraient renflouées de manière importante. La thématique ne concerne donc pas que les femmes.

  • Que ferez-vous le 14 juin 2019 ?

Je participerai au mouvement en apportant un soutien et je m’occuperai de mes enfants (ce qui ne changera pas vraiment d’un autre jour à ce niveau).

  • Que représente pour vous, en tant qu’homme, la grève féministe du 14 juin 2019 et le combat pour l’égalité des droits 

Je considère que l’égalité des droits est autant importante pour les hommes que pour les femmes. En tant qu’ancien père au foyer, j’ai constaté à quel point la pression sociale peut s’exercer sur un homme qui pratique une fonction considérée comme féminine. De nombreux aspects doivent évoluer en profondeur et c’est bien l’intérêt d’une journée comme celle du 14 juin que de le rappeler. Thématiser que l’ensemble de la société à tout à y gagner est un point crucial à mes yeux.

  • Qu’attendez-vous exactement du 14 juin 2019 ?

Un grand rassemblement qui, je l’espère, ne s’arrêtera pas le soir du 14 juin. Un changement de paradigme est nécessaire, ce qui demande bien plus qu’une journée de grève je ne le crains.

  • Selon vous, qu’est-ce qui devrait changer pour les hommes et pour les femmes afin de permettre une réelle égalité dans la vie privée, professionnelle et politique ?

Favoriser le temps de travail partiel, diminuer le temps de travail de manière générale pour s’occuper davantage de sa famille ou de ce que l’on souhaite. Mettre en place un vrai congé paternité. Répartir les tâches domestiques. Valoriser les métiers dits féminins et de manière générale tous ceux qui sont considérés comme de moindre valeur.

  • S’il fallait instaurer une seule mesure urgente en faveur de l’égalité des droits à La Chaux-de-Fonds, quelle serait-elle ?

Nous avons déposé une résolution acceptée par le Conseil général pour que les heures des grévistes soient payées. Malheureusement le Conseil communal a souhaité restreindre au maximum cette volonté exprimée par le législatif. Je souhaiterais que l’exécutif applique de manière totale cette demande pour que les inégalités ne soient pas renforcées, de manière paradoxale, pour les personnes qui souhaitent revendiquer leurs droits et que la grève soit la plus large possible.

Julien Gressot