Entre 2020 et 2024, La Chaux-de-Fonds a été frappée par la crise du COVID et par une tempête d’ampleur exceptionnelle. Si les dégâts de la seconde sont plus visibles, la première crise a eu des impacts moins flagrants mais bien plus profonds, à la fois sur l’économie régionale et sur le psychisme des chaux-de-fonnier.ère.s.

Ces deux crises sont, selon nous, des prémisses de la fin d’un monde. Le capitalisme mondialisé qui exploite toutes les ressources peu importe leurs conditions de production a conduit à l’apparition d’un virus et à sa diffusion à l’échelle mondiale. Et le même capitalisme destructeur à l’échelon mondial détruit l’écosystème dans lequel nous vivons, provoquant de plus en plus de phénomènes météorologiques extrêmes. Il ne s’agit pas d’attribuer tel ou tel effet spécifiquement à une seule cause mais simplement de constater une tendance générale.

Et des tendances, il y en a d’autres. Les démocraties occidentales sont à bout de souffle, les électeurs se détournent de plus en plus d’un système représentatif perçu comme corrompu et ne permettant pas de réelle défense des intérêts de la population. Les dictatures se renforcent, pas seulement sur le terrain mais également dans les esprits. La guerre fait son retour en Europe, la forçant à affronter des horreurs qu’elle pouvait jusqu’à présent choisir d’ignorer parce qu’elles se déroulaient loin d’elle. Enfin, peut-être la pire tendance de toutes, le fascisme refait surface. L’Italie a adopté un gouvernement d’extrême-droite, la Hongrie l’a précédée de longue date et tous les pays européens font face à une remontée de théories nauséabondes que nous espérions définitivement chassées du paysage. La Suisse ne fait pas exception à la règle, son premier parti propage ces idées à coups de millions issus de multinationales exploitant les travailleur.euse.s. La boucle est bouclée, le capitalisme s’accommode toujours d’une réduction des droits humains plutôt que d’une réduction des profits. La police française, utilisée pour brutaliser des grévistes et des manifestants, en est l’exemple parfait. Et même l’Allemagne, qui a connu mieux que tous les autres les erreurs du passé, semble renouer avec la peste brune.

Pourtant, si la situation est grave, elle n’est pas désespérée. Les catastrophes climatiques ont mis en évidence une solidarité forte de la population et La Chaux-de-Fonds, frappée le 24 juillet 2023, a fait la preuve de sa capacité à s’unir pour faire face. Et si les idées fascistes recommencent à se diffuser, il reste de nombreuses structures qui les combattent partout. Syndicats, associations et autres mouvements de la société civile, les quatre dernières années ont vu les mouvements sociaux redoubler d’activité. Les marches pour le climat, Extinction Rebellion, les ZAD et autres mobilisations ont partout montré que le monde se repolitisait, et que nous devions toutes et tous nous emparer du débat public afin qu’il ne soit pas monopolisé par les seuls technocrates à la solde du capital.

Et le POP a, en ce sens, un rôle à jouer. À l’échelle de La Chaux-de-Fonds, le combat semble dérisoire. Et pourtant, rendre une ville agréable à vivre, accueillante pour toutes et tous, et en faire un lieu où d’autres valeurs que la simple rentabilité comptent, c’est proposer une alternative. Un autre modèle de société.

C’est, à notre échelle, résister et contre-attaquer.

Notre projet : faire de La Chaux-de-Fonds une ville durable, écologiquement innovante et socialement juste.

Les périodes de crises sont douloureuses, mais peuvent également devenir des opportunités, elles doivent nous permettre de nous repenser et de nous renouveler. La Chaux-de-Fonds, ville improbable par nature, a toujours su se réinventer, comme elle l’a fait suite au grand incendie de 1794 ou à la crise horlogère. Nous sommes à nouveau à un carrefour qui demande des actions courageuses : le POP est prêt à les mener !

Nous entendons saisir cette opportunité en faisant entrer la Ville dans une nouvelle phase, axant nos efforts sur une relation harmonieuse entre l’environnement et ses habitant.e.s, avec comme objectif de devenir un pôle économique vert, basé sur les énergies renouvelables, les circuits courts, une agriculture biologique et sans pesticides, une économie et une industrie les plus neutres possibles en matière d’émission de CO²et de pollution. Nous voulons également que les fruits de ce développement bénéficient à l’entier de la population. Notre objectif est en effet d’augmenter la qualité de vie pour tout le monde, en offrant des zones pour tous les usagers de l’espace public (zones piétonnes, zones cyclables, etc.). Une ville où chacun peut s’intégrer et participer à la collectivité, notamment par la culture ou le sport, une ville où les travailleuses et les travailleurs résident. Nous en avons les moyens, notre programme recense nos propositions et nos solutions !

Tous les axes de notre projet respectent les trois couleurs du POP, qui représentent ses trois piliers :

Le rouge, parce que nous voulons une redistribution des ressources équitable et une société dans laquelle tout le monde trouve sa place. Une société qui favorise un partage des richesses et du pouvoir au profit du plus grand nombre, quelles que soient sa nationalité, sa profession ou son origine sociale ;
Le vert, parce que sans une relation écologiquement respectueuse envers notre environnement et véritablement durable, il n’y a pas d’humanité viable ;
Le violet, parce que l’égalité est un droit ! Elle doit se conjuguer au féminin comme au masculin, et qu’il est temps que de réelles mesures viennent mettre un terme aux trop nombreuses inégalités héritées d’un système patriarcal, colonialiste, impérialiste et néo-libéral.

Nous devons en terminer avec la vision néolibérale, largement majoritaire. Il est nécessaire de passer à un nouveau système, une nouvelle vision du monde, il faut changer de système !

Un programme, pour quoi faire ?

Plus qu’un simple programme sous forme de liste au Père Noël, nous souhaitons proposer un véritable projet de société. Toutes les propositions et revendications que vous lirez ont pour objectif de servir la vision que nous souhaitons mettre en place, nous, militantes et militants, élues et élus, avec vous ! Avec vous, car la démocratie pour nous est synonyme d’horizontalité et ne doit pas se faire uniquement en commission ou au Conseil général mais également dans la rue, en rencontrant la population et en discutant, en débattant des idées que nous voulons mettre en place et, surtout, en rendant des comptes réguliers sur notre action.

Agir local fait-il sens ?

De nombreux problèmes que nous, chaux-de-fonnier.ère.s, rencontrons tirent leur origine de mécanismes plus globaux. Le Canton, la Confédération et l’ordre mondial actuel sont des facteurs explicatifs de la situation de plus en plus désastreuse dans laquelle nous nous trouvons. À ce titre, la Ville ne dispose que d’une marge de manœuvre réduite.

Cependant, nous n’avons pas voulu concevoir notre programme dans les limites du « possible », « réaliste » ou « politiquement faisable » qui finissent par endiguer toute réflexion de fond et conduisent à rassembler tous les courants politiques dans une approche « réformiste molle » ou pessimiste. C’est pourquoi nous avons formulé à la fois des revendications localement réalistes mais également des objectifs plus globaux, à long terme et nécessitant l’implication d’autres acteurs à différents échelons. Ce n’est qu’en proposant un véritable projet de société que nous voulons susciter l’engouement et l’adhésion de la majorité à notre projet.

Un programme évolutif !

Notre programme veut définir une nouvelle manière de vivre ensemble, et les projets que le POP entend réaliser. Pour autant, il serait illusoire et dogmatique de prévoir toutes les actions possibles pour les quatre années de la législature à venir. C’est pourquoi le présent programme est appelé à évoluer. Nous ne trahirons aucune ambition, mais il est possible que de nouvelles opportunités se présentent, au gré des réformes politiques, des mobilisations ou des aléas de la vie politique. Nous serons flexibles. Le but est de créer une Ville nouvelle, agréable pour tou.te.s et capable de relever les défis d’aujourd’hui comme ceux de demain. Cela ne peut se faire qu’en restant ouverts et en nous adaptant aux évolutions sociétales. Cette manière de faire permettra également de tirer un bilan à la fin de la prochaine législature sur les actions que le POP aura menées.